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Former les paysans aux techniques de protection et conservation des sols et de l’eau image
Publié le 30 septembre 2010

Considérées comme une activité de dur labeur, dont les bénéfices ne sont réellement visibles qu’à moyen et long terme, les actions permettant de conserver le sol et d’optimiser l’utilisation des eaux de pluies, tout en conservant l’écosystème, sont difficiles à mettre en place. En effet, elles ne représentent pas la priorité des paysans les plus pauvres qui n’arrivent pas à avoir cette vision à moyen terme. Leur principal but est de passer la période de soudure d’une année à l’autre le mieux possible. Au-delà de l’important travail de sensibilisation et de prise de conscience que le projet devra mener, il vise à faire adopter aux paysans des mesures simples et efficaces pour éviter l’érosion par ruissellement, retenir au maximum l’eau de pluie, préserver la structure des sols, replanter des arbres, et protéger ainsi leur environnement.

Après analyse de la topographie, les équipes du projet sélectionneront des «micro-zones cibles», les plus en proie à l’érosion. Tous les paysans de ces zones seront formés et accompagnés dans la mise en place des mesures anti-érosives suivantes :

  • Élévation et alignement des buttes le long des lignes de niveau. Cela permettra d’amoindrir le ruissellement des eaux de pluies et de conserver les couches supérieures arables du sol. Ce travail pourra être amélioré avec la construction de diguettes situées entre les buttes et perpendiculaires à ces dernières. L’infiltration de l’eau dans le sol et l’eau disponible pour les plantes s’en verront améliorées ;
  • Le paillage sera promu afin de préserver la structure des sols et de conserver l’humidité. Il limitera l’apparition des adventices et réduira les effets de la battance lors des premières pluies. Il représente aussi un ajout de matière organique qui viendra enrichir le sol lors de sa décomposition.
  • Brûler les résidus de cultures (en dehors des champs afin d’éviter la destruction des micro-organismes) et réintroduire les matières minérales dans les champs.
  • Les bocages sont très peu réalisés dans le système de culture au Malawi. Le projet fera la promotion de cette technique avec la plantation de haies vives de tephrosia vogelii [1]. Elle permettra de diminuer l’érosion éolienne, souvent moins visible que l’érosion hydrique mais très importante au Malawi, qui d’une part emporte les particules fines des sols mais accélère aussi le flétrissement des plantes (la transpiration de la plante l’oblige à pomper plus d’eau dans le sol).
  • Dans les zones déjà érodées, les ravines seront contrôlées grâce à la construction de petits barrages, l'utilisation de bois, de pierres et d'herbe épaisse (vétiver ou « elephant grass »).

Les objectifs de la plantation d’arbres

Les plantations d’arbres vont permettre de réduire les phénomènes suivants :

  • La détérioration des sols débute par une altération de la végétation. Le couvert végétal s’éclaircit et le sol est moins protégé. La vulnérabilité à l’érosion s’accroît donc, entraînant une destruction progressive du sol. Il est ainsi soumis à l’action mécanique des précipitations (érosion hydrique) et des vents (érosion éolienne) qui provoquent une modification des états de surface. Les conséquences s’inscrivent, d’une part, sur la fertilité avec une chute de la capacité d’échange et des éléments nutritifs disponibles et, d’autre part, sur le bilan hydrique avec une augmentation du ruissellement et une baisse de la réserve en eau disponible pour les plantes.
  • De plus, en le comparant aux pays fortement industrialisés, si le niveau de pollution reste relativement faible au Malawi, il tend à s’accroître assez rapidement d’année en année. La destruction des arbres diminue donc la capacité d’absorption du CO2 présent dans l’atmosphère et contribue au phénomène global de réchauffement de la planète.
  • Enfin, les arbres jouent un rôle intégral dans le cycle de l’eau : « les arbres apportent la pluie ». Ce phénomène est provoqué par la diminution des températures au sol. Un sol ayant des températures basses attire les nuages qui viennent déverser dessus. La diminution de la durée et de l’intensité de la saison des pluies au Malawi a un impact sévère sur la productivité agricole. On se rappellera les crises alimentaires en 2002 et 2005. La disparition du couvert végétal, ayant tendance à augmenter les températures du sol, en est partiellement responsable.

Dans une perspective de développement durable, et de manière à inverser les processus de dégradation des sols, de pollution et d’allongement des périodes de sécheresse, le reboisement apparaît comme une mesure inéluctable et s’inscrit pleinement comme une contribution à la préservation de l’écosystème au Malawi.

Les arbres fruitiers vont jouer un rôle très important dans le reboisement. Dans le paysage agricole malawite, ce sont les seuls arbres anciens encore debout, principalement pour des raisons économiques et nutritionnelles ! Ainsi, le projet s’appuiera sur ces arguments pour disséminer le maximum d’arbres fruitiers possibles et initier la prise de conscience des paysans.

 


[1] Le tephrosia vogelii est une herbe ligneuse à feuillage dense qui peut atteindre 4 mètres qui tolère la sécheresse et résiste aux vents forts. Son utilisation est diverse. Elle peut servir de brise vent, peut être utilisée comme engrais vert (3,7g d’azote pour 100g de matière sèche pour un plant âgé de 3 mois), ou associée aux cultures (produit 112Kg d’azote par Ha) . Ses feuilles composées renferment la plus forte concentration de roténoïdes qui lui confère un pouvoir insecticide - Bulletin d’information du CIEPCA – Juin 2001

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